Fous des années folles
© Voyages en Art Déco 2020

Art Déco parisien

A - Historique A - Historique 1 - Les origines du renouveau de l’architecture à Paris Vers 1910 un courant artistique souffle sur Paris en réaction aux excès de l’Art Nouveau. A la liberté existant depuis 1882 (assouplissement des normes haussmanniennes) de nouvelles idées sur l’urbanisme et l’architecture venant de plusieurs pays d’Europe arrivent en France. A cela s’ajoutent les premières tentatives d’utilisation du béton armé dans les immeubles d’habitation. Plusieurs bâtiments témoignent de ces audaces comme le théâtre des Champs-Elysées, A. Perret 1913, le 25 bis rue Franklin A. Perret 1904, l’immeuble de la rue Vavin H. Sauvage 1906.
Immeuble de la rue Vavin - H Sauvage 1912-1913 Immeuble 25 bis rue franklin - Auguste Perret 1904
2 - Les années 20 : Naissance de l’Art Déco Après la guerre 14/18 on rejette totalement l’Art Nouveau et un désir très fort de créativité et d’inventivité parcourt les milieux artistiques et l’architecture. Ces idées trouvent leur source dans le 17 e et 18 e siècle français, symboles du classicisme national, mais aussi dans l’influence du cubisme et d’un certain exotisme. La rose, symbole du nouvel art de vivre à la française. En 1919 André Mare crée la Compagnie des arts français, dont l’objectif est de proposer un style français moderne basé sur la tradition et la raison. La rose seule, ou en corbeille, mais aussi les fruits deviendront le thème préféré des ornements des immeubles jusqu’au début des années 30. Ces thèmes géométrisés ou en spirales orneront les bâtiments en fresques ou en fer forgé sur les garde-corps et les entrées. Déjà influencées par les transatlantiques les façades verront fleurir des fenêtres hublots ovales ou octogonales. Les baies passeront de deux vantaux à 4 ou 6 afin d’élargir le champ de vision. Les cages d’escaliers seront éclairés par la lumière naturelle. Les angles des bâtiments seront cassés ou arrondis. Les bow-windows géométriques égaieront les façades et augmenteront les surfaces des logements. L’ornementation de façade sera réduite à quelques bas-reliefs ou des mosaïques. Les immeubles seront souvent coiffés de frontons. Les ordres antiques seront présents mais simplifiés ou géométrisés. Les garde-corps et portes d’entrées seront en fer forgé décorés de dessins géométriques ou floraux (roses et fruits stylisés).
Corbeille de fleurs Corbeille de fruits Maison de P. Follot Immeuble annnées 20 Immeuble La Poste 19 rue Chauchat Paris 9e HBM Porte de Saint-Cloud Paris 16e
3 - 1925 l’exposition fondatrice Prévue en 1916 mais reportée en 1925 à cause de la guerre l’exposition internationale des arts décoratifs et industriels modernes va devenir l’événement phare du renouveau de l’architecture et des arts appliqués. Même si on ne peut parler de style 1925, comme il y a le style louis XV ou renaissance, on peut retenir le terme d’esprit 1925 qui deviendra plus tard «Art déco» (ce terme a pris naissance dans les années 70 en référence au courant traditionaliste présent dans les propositions des pavillons français adeptes d’un néo classicisme). Dans cette exposition qui présente de nombreux pavillons nationaux et étrangers, deux conceptions s’affrontent dans le camp français : Un mouvement traditionaliste qui tout en rejetant les excès de «l’Art nouveau» est avide de modernité et veut proposer un art décoratif à la française puisant dans le siècle classique (17 e ) un vocabulaire architectural renouvelé. Les ordres, tels : colonnes, frises, bas reliefs, seront donc classiques mais stylisés, avec des dessins géométriques influencés par le cubisme. L’ornementation ne va pas disparaître mais sera plus discrète mettant en valeur corbeilles de roses et de fruits, dessins spirales et géométriques. Ce mouvement que l’on appelait à l’époque «moderniste» ou «contemporain» tentera de faire la synthèse de la simplicité moderne et de la raison classique. Les principaux architectes qui suivront cette tendance seront Roux Spitz, Patout, Plumet Tauzin Huillard, Thiers, Boileau, Bonnier… Un autre mouvement qui constitue l’avant-garde architecturale et se veut international, tentera de se faire entendre notamment avec les pavillons de «L’esprit nouveau» de Le Corbusier et celui du tourisme avec le fameux campanile de Mallet- Stevens. Ce mouvement inspiré par les théories de Stijl hollandais et du Bauhaus allemand propose une révolution dans l’art d’habiter avec la suppression totale de l’ornementation, l’emploi du béton armé, la standardisation et l’industrialisation des matériaux, la cubisation des volumes, l’élargissement des fenêtres. Dans son manifeste (vers une architecture) publié avec le peintre Ozenfant, Le Corbusier chef de file du mouvement propose une liste de 5 points essentiels dans la construction moderne : - Le toit terrasse - Le plan libre - La fenêtre bandeau - La paroi libre - Les pilotis Les autres noms attachés à ce courant seront ceux de, Pierre Chareau, Eileen Gray, Francis Jourdain, Robert Mallet-Stevens, Lurçat, Pingusson, Tony Garnier. Auguste Perret pourtant pionnier avec ses immeubles béton d’avant-garde défendra un style classique adapté aux nouveau matériaux. A l’expo de 1925 il présentera un théâtre éphémère en bois destiné à montrer l’importance des ossatures dans un bâtiment. Compromis provisoire, le pavillon «une ambassade française» réunira les grands noms de société des artistes modernes et classiques tels que Groult, Chareau, Dunand, Mallet-Stevens. 4 - Création de L’UAM (union des artistes modernes) En 1929, emmenée par Robert Mallet Stevens, la branche la plus avant-gardiste de La Société des artistes décorateurs se sépare pour fonder l’UAM union des artistes modernes ; objectif : obtenir plus de reconnaissance pour les créateurs, adeptes d’un renouveau profond en matière d’architecture et d’art appliqués. En dehors du chef de file, on trouve Jean Prouve, Charlotte Perriand, Pierre Chareau, les frères Martel, Pierre Legrain, Francis Jourdain, Sonia Delaunay, René Herbst… parmi les plus célèbres. Le mot d’ordre de ce courant qui réunit des architectes mais aussi des peintres, des sculpteurs, des maître- verriers, des créateurs de bijoux, de textiles… est de partir de la fonction et de s’appuyer sur les nouveaux matériaux les nouvelles formes, les nouvelles techniques pour leurs œuvres. La plupart des créateurs de l’UAM flirtent avec l’Art Déco mais l’inverse est également vrai. La vraie frontière se situe dans l’utilisation des matériaux plus ou moins nobles et l’ornementation. L’UAM mise à mal par la guerre de 39/45 continuera tout de même jusqu’en 1958.
Hôtel du collectionneur Pavillon Ruhlmann 1925 Villa Savoye Poissy de Le Corbusier Rue Mallet-Stevens Paris 16e Hôtel Mercedes de Pierre Patout 1930 Immeuble de rapport Boulogne Billancourt - G.H. Pingusson 1931 Immeuble rue Ernest Psichari Paris 7e - Madeline 1935 Immeuble 115 avenue Henri Martin Paris 16e - Michel Roux-Spitz 1931 Palais d’Iena (actuellement CESE) 1939-1943 Palais de Chaillot 1937 Palais de Tokyo 1937 Fontaines de la Porte de Saint-Cloud 1937 Architecture néo-classique des années 50 Grands ensembles années 50 et 60 Architecture type le corbusier années 50
6 - L’exposition universelle de 1937 Nommée officiellement «exposition des arts et techniques appliquées a la vie moderne» réunissant 50 nations, elle devait unir les états et les peuples mais vit plutôt un affrontement des puissances européennes notamment l’Allemagne nazie et l’URSS communiste avec une architecture pompeuse et de style néo-classique. Survivent à l’emplacement initial : Le Palais de Chaillot et Palais de la Découverte Le Palais de Tokyo et le MAM Paris Le musée de travaux publics devenu conseil économique, social environnemental Les fontaines de la Porte de St-Cloud
D’une façon générale la résistance à l’architecture moderne qui existait déjà dans l’expo de 1925 persista en 1937. Mallet-Stevens se vit toutefois confier 5 pavillons dont le spectaculaire pavillon de l’électricité et de la lumière. Le Corbusier ne put que proposer un musée sous tente pour promouvoir ses idées sur l’urbanisation. L’expo de 1937 brilla des derniers feux de l’architecture de l’entre deux guerres. Deux ans plus tard la France fut envahie pour 5 ans. 7 - L’architecture d’après guerre : les années 50 Paris ayant été peu touchée par les destructions, l’architecture des années 50 se concentrera principalement dans les quartiers et îlots insalubres (tels les 13 e , 14 e , 15 e , 19 e et 20 e arrondissements). Même si un certain néo-classicisme perdurera dans les programmes destinés à une clientèle aisée, ce sont les idées de la mouvance avant-gardiste qui domineront avec le meilleur et le pire.
B - L’habitat social B - L’habitat social 1 - La ceinture rose En 1919, vote du déclassement de l’enceinte de Thiers bâtie en 1840. Cette décision libère quantités de terrains et de friches autour de Paris qui serviront à héberger de nouvelles populations venues grossir les effectifs parisiens. Au total plus de 50 000 logements sociaux HBM seront réalisés de 1921 à 1939. 2 - Les années 20 De 1923 à 1927, 13 ensembles sont réalisés par l’agence d’architecture de Paris HBM (Habitations à Bon Marché).
HBM de la Porte de St Cloud  Archi Guidetti 1925
Fenêtres à 4 vantaux pour faire pénétrer la lumière, mélange de brique et de béton pour briser l’uniformité des façades, mosaïques sur le fronton d’inspiration flamande, balustrades en fer forgé. Quel raffinement pour ces logements sociaux.
Immeuble de la rue Vavin H. Sauvage 1912-1913 Ensemble de la rue des Amiraux 1927 H. Sauvage architecte Façade de la piscine des Amiraux 1927 H. Sauvage
La vision d’Henri sauvage Déjà engagé dans le logement social avant la guerre de 14/18, et ayant déjà expérimenté rue Vavin une construction pilote (1912) Henri Sauvage met en œuvre ses théories d’une cité à gradins avec piscine dans l’ensemble de 78 logements rue des Amiraux à Paris 18 e . La façade à carreaux de porcelaine blanche assure à la fois hygiène et pureté.
3 - Les années 30 L’agence d’architecture de la ville de Paris HBM trouve son âge d’or de 1929 à 1937 en proposant pour les classes modestes mais aussi moyennes, des logements confortables bien équipés, dont le style trouve un juste équilibre entre le mouvement moderne et le néo-classicisme. Mélange subtil de la brique et du béton, créativité dans les façades par la variation des bow-windows, balcons fréquents, ateliers d’artistes aux derniers étages, toits-terrasses, fenêtres à plusieurs vantaux (3 et 4 souvent), colonnes d’escaliers vitrées.
HBM 1 rue Gustave le Bon - M. Maline architecte 1935 HBM rues André Messager et Emile Blamont paris 18e – M. Maline architecte 1931 Théâtre des Champ- Elysées - A. Perret 1913 Villa Pompeï Cannes Georges-Henri Pingusson Villa Cavroix Croix Mallet-Stevens
5 - Les années 30 La crise économique américaine de 1929 ne touchera la France qu’en 1931 mais impactera sérieusement l’architecture parisienne. En dehors du palais de la Porte Dorée monumental vaisseau à la gloire de la France Coloniale (expo de 1931) les constructions dans les années 30 chercheront à être plus simples plus économiques et réservées soit aux bâtiments publiques (écoles, églises, administrations, casernes…) soit aux édifices commerciaux (grands magasins, hôtels, boutiques.) Les bâtiments d’habitation seront plutôt destinés à une population aisée (immeubles de standing, hôtels particuliers, ateliers d’artistes…) ou au logement social (les fameux HBM). Le style des années 30 évoluera vers : - La montée en puissance de l’utilisation du béton armé - La suppression des ornementations «art déco» - La généralisation des bow-windows avec un élargissement des surfaces vitrées - L’influence des navires transatlantiques avec le style paquebot ou streamline moderne.
Palais de la porte dorée, bâtiment subsistant après l’exposition coloniale de 1931 Laprade (1929/1931) Immeuble 14 rue Guynemer Paris 6e Michel Roux-Spitz 1928 HBM 137 Bd de l'hôpital
C - Les édifices publics religieux et commerciaux 1 - Les écoles Les années 30 sont marquées par une vague de constructions d’écoles ; 24 seront construites de 1930 à 1939. Les bâtiments passeront de l’école au «groupe scolaire» ; Ce changement est concrétisé par l’apparition de grands ensembles de béton et de briques à l’architecture moderne et dépouillée qui deviendront des monuments de quartiers.
Lycée Hélène Boucher Paris 20e - Sallez 1937 Collège Boris Vian 76 bd Berthier Paris 7e - Dresse et Oudin 1938 Ecole élémentaire 2 rue Charles Hermite Paris 18e - Le Peigneux et Poulain 1938
2 - Les églises Lancé en 1931 par le cardinal Verdier Archevêque de Paris, un grand programme de constructions et de rénovations d’églises, destiné à couvrir les besoins des nouvelles populations, va permettre l’éclosion de nouveaux édifices religieux dans la capitale. Les principales églises seront : Saint-Jean Bosco Du Saint-Esprit Saint-Michel des Batignolles Saint-Léon Sainte-Odile Saint-Christophe de Javel, par exemple, est située à côté des usines Citroën gros employeur du 15 e . Le style des ces églises sera soit néo-byzantin soit néo-gothique. Les matériaux peu coûteux, comme le béton et la brique, les emboîtements des volumes seront en relation avec le courant moderne.
Eglise du Saint-Esprit - Tournon 1931 Eglise Ste Odile Paris 17e – Barge 1935-1946 Eglise Saint-Christophe de Javel - Besnard 1930
3 - Les piscines et bains publics Après la première guerre mondiale, l’hygiène, le sport, la vie en plein air, prennent de plus en plus d’importance. La première vraie piscine sera à Paris, celle de la Butte aux Cailles (1921) encore très influencée par l’Art Nouveau, puis la piscine des Tourelles qui servira aux jeux olympiques de 1924 (toujours en activité mais profondément restaurée) enfin les Amiraux (1926) et Molitor (1929) par Pollet (qui construira aussi la piscine de la rue de Pontoise et celle de la rue Pailleron). Une douzaine de bain-douches publics seront également créés dans les années 20 et 30 pour contribuer à amener plus d’hygiène et de propreté.
Bains-douches des Haies Paris 20e Piscine des Amiraux Paris 18e Piscine de la Butte-aux-Cailles, 5 place Paul-Verlaine Paris 13e Piscine Molitor Paris 16e
4 - Les grands bâtiments publics, les grands magasins, les cinémas et théâtres En passant du muet au parlant, le cinéma va considérablement augmenter son public, on verra des salles comme le Gaumont Palace place de Clichy, aujourd’hui disparu, proposer plus de 5000 places.
Le Grand Rex Paris 2e - Auguste Bluysen 1932 Théâtre de la Michodière Paris 2e - Auguste Bluysen 1925
Les grands magasins existaient depuis le siècle dernier mais leurs extensions seront réalisées dans un style Art Déco (Samaritaine, galeries Lafayette…)
La Samaritaine Paris 1er - Sauivage et Jourdain 1869 Trois Quartiers Paris 18e rebaptisé Le Madeleine
Les bâtiments administratifs, ministères, postes, quelques mairies adopteront aussi l’architecture à la mode Art Déco puis la mouvance plus moderne le «streamline» et rarement le style international.
La Poste rue du Colisée Paris 8e Shell Building Paris 8e Le Mobilier National Paris 13e 1937
Fous des années folles
C
Fous des années folles

Art Déco parisien

A - Historique A - Historique 1 - Les origines du renouveau de l’architecture à Paris Vers 1910 un courant artistique souffle sur Paris en réaction aux excès de l’Art Nouveau. A la liberté existant depuis 1882 (assouplissement des normes haussmanniennes) de nouvelles idées sur l’urbanisme et l’architecture venant de plusieurs pays d’Europe arrivent en France. A cela s’ajoutent les premières tentatives d’utilisation du béton armé dans les immeubles d’habitation. Plusieurs bâtiments témoignent de ces audaces comme le théâtre des Champs-Elysées, A. Perret 1913, le 25 bis rue Franklin A. Perret 1904, l’immeuble de la rue Vavin H. Sauvage 1906.
Immeuble de la rue Vavin -H Sauvage 1912-1913 Immeuble 25 bis rue Franklin - Auguste Perret 1904
2 - Les années 20 : Naissance de l’Art Déco Après la guerre 14/18 on rejette totalement l’Art Nouveau et un désir très fort de créativité et d’inventivité parcourt les milieux artistiques et l’architecture. Ces idées trouvent leur source dans le 17 e et 18 e siècle français, symboles du classicisme national, mais aussi dans l’influence du cubisme et d’un certain exotisme. La rose, symbole du nouvel art de vivre à la française. En 1919 André Mare crée la Compagnie des arts français, dont l’objectif est de proposer un style français moderne basé sur la tradition et la raison. La rose seule, ou en corbeille, mais aussi les fruits deviendront le thème préféré des ornements des immeubles jusqu’au début des années 30. Ces thèmes géométrisés ou en spirales orneront les bâtiments en fresques ou en fer forgé sur les garde-corps et les entrées. Déjà influencées par les transatlantiques les façades verront fleurir des fenêtres hublots ovales ou octogonales. Les baies passeront de deux vantaux à 4 ou 6 afin d’élargir le champ de vision. Les cages d’escaliers seront éclairés par la lumière naturelle. Les angles des bâtiments seront cassés ou arrondis. Les bow-windows géométriques égaieront les façades et augmenteront les surfaces des logements. L’ornementation de façade sera réduite à quelques bas-reliefs ou des mosaïques. Les immeubles seront souvent coiffés de frontons. Les ordres antiques seront présents mais simplifiés ou géométrisés. Les garde-corps et portes d’entrées seront en fer forgé décorés de dessins géométriques ou floraux (roses et fruits stylisés).
Corbeille de fleurs Immeuble La Poste 19 rue Chauchat Paris 9e Corbeille de fruits Immeuble annnées 20 Maison de P. Follot HBM Porte de Saint-Cloud Paris 16e
3 - 1925 l’exposition fondatrice Prévue en 1916 mais reportée en 1925 à cause de la guerre l’exposition internationale des arts décoratifs et industriels modernes va devenir l’événement phare du renouveau de l’architecture et des arts appliqués. Même si on ne peut parler de style 1925, comme il y a le style louis XV ou renaissance, on peut retenir le terme d’esprit 1925 qui deviendra plus tard «Art Déco» (ce terme a pris naissance dans les années 70 en référence au courant traditionaliste présent dans les propositions des pavillons français adeptes d’un néo classicisme). Dans cette exposition qui présente de nombreux pavillons nationaux et étrangers, deux conceptions s’affrontent dans le camp français : Un mouvement traditionaliste qui tout en rejetant les excès de «l’Art nouveau» est avide de modernité et veut proposer un Art Décoratif à la française puisant dans le siècle classique (17 e ) un vocabulaire architectural renouvelé. Les ordres, tels : colonnes, frises, bas reliefs, seront donc classiques mais stylisés, avec des dessins géométriques influencés par le cubisme. L’ornementation ne va pas disparaître mais sera plus discrète mettant en valeur corbeilles de roses et de fruits, dessins spirales et géométriques. Ce mouvement que l’on appelait à l’époque «moderniste» ou «contemporain» tentera de faire la synthèse de la simplicité moderne et de la raison classique. Les principaux architectes qui suivront cette tendance seront Roux Spitz, Patout, Plumet Tauzin Huillard, Thiers, Boileau, Bonnier…
Hôtel du collectionneur Pavillon Ruhlmann 1925
Un autre mouvement qui constitue l’avant-garde architecturale et se veut international, tentera de se faire entendre notamment avec les pavillons de «L’esprit nouveau» de Le Corbusier et celui du tourisme avec le fameux campanile de Mallet- Stevens. Ce mouvement inspiré par les théories de Stijl hollandais et du Bauhaus allemand propose une révolution dans l’art d’habiter avec la suppression totale de l’ornementation, l’emploi du béton armé, la standardisation et l’industrialisation des matériaux, la cubisation des volumes, l’élargissement des fenêtres. Dans son manifeste (vers une architecture) publié avec le peintre Ozenfant, Le Corbusier chef de file du mouvement propose une liste de 5 points essentiels dans la construction moderne : - Le toit terrasse - Le plan libre - La fenêtre bandeau - La paroi libre - Les pilotis Les autres noms attachés à ce courant seront ceux de, Pierre Chareau, Eileen Gray, Francis Jourdain, Robert Mallet-Stevens, Lurçat, Pingusson, Tony Garnier. Auguste Perret pourtant pionnier avec ses immeubles béton d’avant-garde défendra un style classique adapté aux nouveau matériaux. A l’expo de 1925 il présentera un théâtre éphémère en bois destiné à montrer l’importance des ossatures dans un bâtiment.
Villa Savoye Poissy de Le Corbusier
Compromis provisoire, le pavillon «une ambassade française» réunira les grands noms de société des artistes modernes et classiques tels que Groult, Chareau, Dunand, Mallet-Stevens. 4 - Création de L’UAM (union des artistes modernes) En 1929, emmenée par Robert Mallet Stevens, la branche la plus avant-gardiste de La Société des artistes décorateurs se sépare pour fonder l’UAM union des artistes modernes ; objectif : obtenir plus de reconnaissance pour les créateurs, adeptes d’un renouveau profond en matière d’architecture et d’art appliqués. En dehors du chef de file, on trouve Jean Prouve, Charlotte Perriand, Pierre Chareau, les frères Martel, Pierre Legrain, Francis Jourdain, Sonia Delaunay, René Herbst… parmi les plus célèbres. Le mot d’ordre de ce courant qui réunit des architectes mais aussi des peintres, des sculpteurs, des maître-verriers, des créateurs de bijoux, de textiles… est de partir de la fonction et de s’appuyer sur les nouveaux matériaux les nouvelles formes, les nouvelles techniques pour leurs œuvres. La plupart des créateurs de l’UAM flirtent avec l’Art Déco mais l’inverse est également vrai. La vraie frontière se situe dans l’utilisation des matériaux plus ou moins nobles et l’ornementation. L’UAM mise à mal par la guerre de 39/45 continuera tout de même jusqu’en 1958.
Rue Mallet-Stevens Paris 16e
5 - Les années 30 La crise économique américaine de 1929 ne touchera la France qu’en 1931 mais impactera sérieusement l’architecture parisienne. En dehors du palais de la Porte Dorée monumental vaisseau à la gloire de la France Coloniale (expo de 1931) les constructions dans les années 30 chercheront à être plus simples plus économiques et réservées soit aux bâtiments publiques (écoles, églises, administrations, casernes…) soit aux édifices commerciaux (grands magasins, hôtels, boutiques.) Les bâtiments d’habitation seront plutôt destinés à une population aisée (immeubles de standing, hôtels particuliers, ateliers d’artistes…) ou au logement social (les fameux HBM). Le style des années 30 évoluera vers : - La montée en puissance de l’utilisation du béton armé - La suppression des ornementations «Art Déco» - La généralisation des bow-windows avec un élargissement des surfaces vitrées - L’influence des navires transatlantiques avec le style paquebot ou streamline moderne.
Hôtel Mercedes de Pierre Patout 1930 Immeuble de rapport Boulogne Billancourt - G.H. Pingusson 1931 Immeuble rue Ernest Psichari Paris 7e - Madeline 1935 Immeuble 115 avenue Henri Martin Paris 16e - Michel Roux-Spitz 1931
6 - L’exposition universelle de 1937 Nommée officiellement «exposition des arts et techniques appliquées à la vie moderne» réunissant 50 nations, elle devait unir les états et les peuples mais vit plutôt un affrontement des puissances européennes notamment l’Allemagne nazie et l’URSS communiste avec une architecture pompeuse et de style néo-classique. Survivent à l’emplacement initial : Le Palais de Chaillot et Palais de la Découverte Le Palais de Tokyo et le MAM Paris Le musée de travaux publics devenu conseil économique, social environnemental Les fontaines de la Porte de St-Cloud
Palais de Chaillot 1937 Palais de Tokyo 1937 Palais d’Iena (actuellement CESE) 1939-1943 Fontaines de la Porte de Saint-Cloud 1937
D’une façon générale la résistance à l’architecture moderne qui existait déjà dans l’expo de 1925 persista en 1937. Mallet-Stevens se vit toutefois confier 5 pavillons dont le spectaculaire pavillon de l’électricité et de la lumière. Le Corbusier ne put que proposer un musée sous tente pour promouvoir ses idées sur l’urbanisation. L’expo de 1937 brilla des derniers feux de l’architecture de l’entre deux guerres. Deux ans plus tard la France fut envahie pour 5 ans. 7 - L’architecture d’après guerre : les années 50 Paris ayant été peu touchée par les destructions, l’architecture des années 50 se concentrera principalement dans les quartiers et îlots insalubres (tels les 13 e , 14 e , 15 e , 19 e et 20 e arrondissements). Même si un certain néo-classicisme perdurera dans les programmes destinés à une clientèle aisée, ce sont les idées de la mouvance avant- gardiste qui domineront avec le meilleur et le pire.
Architecture néo-classique des années 50 Grands ensembles années 50 et 60 Architecture type le corbusier années 50
B - L’habitat social B - L’habitat social 1 - La ceinture rose En 1919, vote du déclassement de l’enceinte de Thiers bâtie en 1840. Cette décision libère quantités de terrains et de friches autour de Paris qui serviront à héberger de nouvelles populations venues grossir les effectifs parisiens. Au total plus de 50 000 logements sociaux HBM seront réalisés de 1921 à 1939. 2 - Les années 20 De 1923 à 1927, 13 ensembles sont réalisés par l’agence d’architecture de Paris HBM (Habitations à Bon Marché).
Fenêtres à 4 vantaux pour faire pénétrer la lumière, mélange de brique et de béton pour briser l’uniformité des façades, mosaïques sur le fronton d’inspiration flamande, balustrades en fer forgé. Quel raffinement pour ces logements sociaux.
HBM de la Porte de St Cloud  Archi Guidetti 1925 HBM 137 Bd de l'hôpital
La vision d’Henri sauvage Déjà engagé dans le logement social avant la guerre de 14/18, et ayant déjà expérimenté rue Vavin une construction pilote (1912) Henri Sauvage met en œuvre ses théories d’une cité à gradins avec piscine dans l’ensemble de 78 logements rue des Amiraux à Paris 18 e . La façade à carreaux de porcelaine blanche assure à la fois hygiène et pureté.
Immeuble de la rue Vavin H. Sauvage 1912-1913 Ensemble de la rue des Amiraux 1927 H. Sauvage architecte Façade de la piscine des Amiraux 1927 H. Sauvage
3 - Les années 30 L’agence d’architecture de la ville de Paris HBM trouve son âge d’or de 1929 à 1937 en proposant pour les classes modestes mais aussi moyennes, des logements confortables bien équipés, dont le style trouve un juste équilibre entre le mouvement moderne et le néo-classicisme. Mélange subtil de la brique et du béton, créativité dans les façades par la variation des bow-windows, balcons fréquents, ateliers d’artistes aux derniers étages, toits-terrasses, fenêtres à plusieurs vantaux (3 et 4 souvent), colonnes d’escaliers vitrées.
HBM 1 rue Gustave le Bon - M. Maline architecte 1935 HBM rues André Messager et Emile Blamont paris 18e – M. Maline architecte 1931 Théâtre des Champ- Elysées - A. Perret 1913 Villa Cavroix Croix Mallet-Stevens Villa Pompeï Cannes Georges-Henri Pingusson Palais de la porte dorée, bâtiment subsistant après l’exposition coloniale de 1931 Laprade (1929/1931) Immeuble 14 rue Guynemer Paris 6e Michel Roux-Spitz 1928
C - Les édifices publics religieux et commerciaux C - Les édifices publics religieux et commerciaux 1 - Les écoles Les années 30 sont marquées par une vague de constructions d’écoles ; 24 seront construites de 1930 à 1939. Les bâtiments passeront de l’école au «groupe scolaire» ; Ce changement est concrétisé par l’apparition de grands ensembles de béton et de briques à l’architecture moderne et dépouillée qui deviendront des monuments de quartiers.
Ecole élémentaire 2 rue Charles Hermite Paris 18e - Le Peigneux et Poulain 1938 Collège Boris Vian 76 bd Berthier Paris 7e - Dresse et Oudin 1938 Lycée Hélène Boucher Paris 20e - Sallez 1937
2 - Les églises Lancé en 1931 par le cardinal Verdier Archevêque de Paris, un grand programme de constructions et de rénovations d’églises, destiné à couvrir les besoins des nouvelles populations, va permettre l’éclosion de nouveaux édifices religieux dans la capitale. Les principales églises seront : Saint-Jean Bosco Du Saint-Esprit Saint-Michel des Batignolles Saint-Léon Sainte-Odile Saint-Christophe de Javel, par exemple, est située à côté des usines Citroën gros employeur du 15 e . Le style des ces églises sera soit néo-byzantin soit néo-gothique. Les matériaux peu coûteux, comme le béton et la brique, les emboîtements des volumes seront en relation avec le courant moderne.
Eglise Ste Odile Paris 17e – Barge 1935-1946 Eglise Saint-Christophe de Javel - Besnard 1930 Eglise du Saint-Esprit - Tournon 1931
3 - Les piscines et bains publics Après la première guerre mondiale, l’hygiène, le sport, la vie en plein air, prennent de plus en plus d’importance. La première vraie piscine sera à Paris, celle de la Butte aux Cailles (1921) encore très influencée par l’Art Nouveau, puis la piscine des Tourelles qui servira aux jeux olympiques de 1924 (toujours en activité mais profondément restaurée) enfin les Amiraux (1926) et Molitor (1929) par Pollet (qui construira aussi la piscine de la rue de Pontoise et celle de la rue Pailleron). Une douzaine de bain-douches publics seront également créés dans les années 20 et 30 pour contribuer à amener plus d’hygiène et de propreté.
Bains-douches des Haies Paris 20e Piscine des Amiraux Paris 18e Piscine de la Butte-aux-Cailles, 5 place Paul-Verlaine Paris 13e Piscine Molitor Paris 16e
4 - Les grands bâtiments publics, les grands magasins, les cinémas et théâtres En passant du muet au parlant, le cinéma va considérablement augmenter son public, on verra des salles comme le Gaumont Palace place de Clichy, aujourd’hui disparu, proposer plus de 5000 places.
Le Grand Rex Paris 2e - Auguste Bluysen 1932 Théâtre de la Michodière Paris 2e - Auguste Bluysen 1925
Les grands magasins existaient depuis le siècle dernier mais leurs extensions seront réalisées dans un style Art Déco (Samaritaine, galeries Lafayette…)
Trois Quartiers Paris 18e rebaptisé Le Madeleine La Samaritaine Paris 1er - Sauivage et Jourdain 1869
Les bâtiments administratifs, ministères, postes, quelques mairies adopteront aussi l’architecture à la mode Art Déco puis la mouvance plus moderne le «streamline» et rarement le style international.
Shell Building Paris 8e La Poste rue du Colisée Paris 8e Le Mobilier National Paris 13e 1937
© Voyages en Art Déco 2020